Bolet Satan et Compagnie...
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 Froid dans l'dos...

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MessageSujet: Froid dans l'dos...   Froid dans l'dos... EmptyVen 30 Déc - 11:21

(Bientôt chez nous...
bien frat.
Véro)

Le concordat ou la fin de l'autonomie de l'Etat polonais

En juin 1992 la situation économique et politique tendue menaça de
dégénérer en putsch. Les ministres fondamentalistes chrétiens et
ultra-nationalistes du gouvernement Olszewski menacèrent de limoger le
Président de la République Lech Walesa. Le ministre de l'Intérieur,
le sombre Antoni Macierewicz exhiba à la télévision des " dossiers "
de la police politique censés prouver la collaboration de Lech Walesa
et le somma de démissionner de la présidence. C'était bien sûr une
aberration paranoïaque d'autant plus que Walesa était le plus fidèle
soutient du parti fondamentaliste depuis 1990. Mais trois ans de folie
ultra-libérale avait mené l'Etat à la décomposition et la société
à la désagrégation totale. La tension était telle que les
groupuscules fascisant appelant au limogeage des "communistes " et "
hommes de Walesa " pouvait amener un régime autoritaire au pouvoir. La
Yougoslavie nous montrait que la guerre était une issue possible à
l'impasse totale. Les liens sociaux se décomposaient, les pauvres
commençaient à mendier dans les rues... spectacle intolérable,
inimaginable voilà encore 3 ans. L'incompréhension était totale.
C'est alors qu'au plus fort de la tension, l'Eglise et l'Ambassade des
USA convièrent les hommes politiques polonais à une négociation au
terme de laquelle une " femme-compromis ", Madame Suchocka, bras droit
du Vatican, devint premier ministre.

Madame Suchocka mena ainsi sans férir la politique la plus
réactionnaire qui soit : privatisations, démantèlement du service
public, chômage de masse, interdiction de l'avortement en janvier 1993
et signature du concordat. La signature du concordat était illégale
car selon la Constitution de l'époque, un Premier ministre n'avait pas
le droit de signer les traités internationaux. Qu'importe, le
concordat fut dûment ratifié par les ex-communistes, vainqueur des
élections de septembre 1993 après 4 ans de folie furieuse
ultra-libérale.

Le concordat ratifiait largement les pouvoirs que l'Eglise s'arrogeait
dans la vie sociale. En effet, l'Etat se déssaisit d'une prérogative
majeure, gagné pourtant après une longue lutte : le contrôle du
mariage. Avec l'instauration du mariage concordataire, le mariage civil
fut réduit à l'état d'anecdote. En effet, le mariage concordataire
rend l'Eglise maîtresse de la cérémonie et lui permet de faire sa
propagande contre le divorce par le biais " d'enseignements préparant
au mariage " et de " consultations conjugales " alors que l'Etat
continue à gérer " les conséquences civiles du mariage ", c'est à
dire le divorce civil. Petit à petit, le mariage solennel, célébré
à l'Eglise, devint synonyme d'une institution éternelle et il devient
impensable de le dissoudre alors que la loi le permet pourtant. Bien
des jeunes gens et jeunes filles, 13 ans après le concordat, sont
convaincus que le divorce est impossible ou difficile et ignorent
complètement leurs droits. C'était bien là l'objectif du concordat :
substituer la propagande à la connaissance des lois. En outre, bien
peu oseront se désigner comme athées en préférant un mariage civil
au mariage concordataire. Par ailleurs, les procédures de divorce
furent transférées des tribunaux locaux aux tribunaux régionaux ce
qui rallongea, alourdit et renchérit la procédure. Dans le concordat,
l'Etat s'engage par ailleurs à " promouvoir et protéger le mariage "
ce qui en dit long sur le mépris et la discrimination que subissent
les célibataires.

Selon le concordat, le Vatican est entièrement libre d'organiser son
Eglise en Pologne comme il l'entend. Il ne s'engage qu'à conserver la
nomination de ses fonctionnaires, prélats et prêtres, à des hommes
de nationalité polonaise. L'Etat a donc renoncé à tout contrôle des
activités des prêtres qui ne sont soumis qu'à la juridiction du
Vatican. Les interférences entre le droit civil et le droit canon sont
nombreuses et mènent à des scandales dont l'Eglise sort souvent
victorieuse. Telle est l'histoire par exemple d'une banque locale qui
ayant accordé un prêt à une paroisse, s'est vue refusé le
remboursement du prêt au motif que la paroisse était régie par le
droit du Vatican, le droit canon et que la banque aurait du s'assurer
si le prêt respectait toutes les règles de ce droit. La banque porta
l'affaire devant les tribunaux et perdit à la Cour Suprême, le droit
canon ayant été décrété supérieur au droit civil polonais. Il en
est de même pour les très nombreuses affaires de pédophilie ou de
corruption où les prêtres échappent toujours d'une manière ou d'une
autre à la justice.

L'Eglise use et abuse de son pouvoir et ne se contente pas de soutenir
ses partis d'extrême droite présents dans tous les gouvernements
ultra-libéraux, de 1990 à 1993 et de 1997 à 2001. Le président de
la République actuel, élu en octobre 2005, est soutenu par des hommes
de cette mouvance. Le premier ministre Marcinkiewicz est ouvertement un
fondamentaliste catholique. La propagande électorale retentit dans de
nombreux lieux de cultes et il n'est pas rare de voir les curés
désigner dans leur sermon du dimanche le candidat pour lequel tout bon
Polonais devrait voter. L'Eglise possède aussi ses propres médias,
journaux, télévision ainsi que la fameuse " Radio Maryja ", célèbre
pour ses prêches incendiaires fustigeant l'Europe de la " culture de
la mort ", la décadence occidentale, et l'athéisme. Mais l'Eglise ne
se contente pas de son territoire taillé dans le corps social et
politique polonais : elle veut tout le pouvoir. Une loi instituant "les
valeurs chrétiennes " à la télévision publique a été votée. La
télévision publique reste alors sexiste et ultra-libérale, mais ses
" valeurs chrétiennes " se résument à une discrimination permanente
des agnostiques, athées, des homosexuels et des féministes. Le
discours clérical est ainsi omniprésent dans l'espace public. La
deuxième voix de la propagande étant l'ultra-libéralisme, on
comprend que toutes les idées dissidentes sont vite étouffées.

l'Eglise garde également la main haute sur l'éducation des jeunes par
la propagande anti-avortement et anti-contraception dans les écoles.
Elle contrôle ainsi l'ensemble de la société car les prêtres
participent aux conseils de classes. Ce contrôle s'ajoute à celui
qu'elle exerce par le biais de la confession. La propagande misogyne
sur le thème de l'obéissance naturelle de la femme à l'homme dans la
famille est toujours de mise dans les chaires et l'enseignement
religieux. De même, les associations ecclésiastiques participent à l
'élaboration des politiques éducatives de l'Etat, ce qui conduit à
l'abandon de l'éducation sexuelle à l'école remplacé par le culte
du mariage et d'une politique de prévention du sida tout simplement
mortelle : ainsi enseigne-t-on dans les écoles que le préservatif ne
protège pas du sida et que seule l'abstinence protège.

Même lorsque après maints combats féministes les socialistes
autorisèrent l'avortement thérapeutique en 1996, les avortements
légaux sont peu pratiqués car l'Eglise a fortement investi de sa
propagande le milieu médical qui, hypocritement, refuse de pratiquer
gratuitement dans les hôpitaux les mêmes actes qu'il pratique dans le
privé.

L'Eglise a fait régulièrement pression sur le gouvernement socialiste
ex-communiste qui de ce fait n'a jamais tenu ses promesses
électorales. Réélu massivement par un électorat de gauche en 2001
avec comme mission d'abroger les lois iniques contre l'avortement, le
leader socialiste Aleksander Kwa?niewski a conclu dès son élection un
pacte avec l'Eglise : en échange du maintient de l'interdiction de
l'avortement, l'Eglise s'abstiendrait de faire de la propagande contre
l'adhésion à l'Union Européenne pour laquelle le gouvernement menait
alors les négociations. La politique de l'Etat se fait de plus en plus
sur le dos des femmes alors que l'Eglise ne respecte même pas les
termes du contrat : l'année 2003 abondait en prêches incendiaires
contre " L'Europe qui tue les enfants, les vieux et les handicapés et
que la Pologne a pour mission de ré évangéliser ".

L'Union Européenne a certes fait pression pour que la Constitution
Polonaise votée en 1997 comporte le respect des droits humains, dont "
l'égalité de toutes les religions ", mais dans les faits, le
concordat et la situation politique donne un énorme pouvoir à
l'Eglise catholique. Actuellement, le nouveau gouvernement projette
même de soumettre tous les projets de lois élaborés au parlement au
contrôle préalable de l 'Eglise : l'Etat polonais passerait alors
entièrement sous la coupe du Vatican.

Les conséquences de la perte de la laïcité

Les conséquences de la perte de la laïcité sont dramatiques avant
tout pour les femmes. Actuellement, 200 000 avortements clandestins à
4500 Zlotys (1000 Euros) chacun sont pratiqués par des médecins dans
des cabinets médicaux privés. En cas de complications, les femmes
sont démunies puisque les médecins risquent la prison en les amenant
à l'hôpital. Une 20-taine de cas de décès suite à des avortements
clandestins ont été documentés par le Planning Familial. Le chiffre
des avortements pratiqués par les " faiseuses d'anges " est inconnu,
le nombres de blessées, handicapées et mutilées par ces pratiques
est inconnu également. L'Organisation Mondiale de la Santé a pointé
la responsabilité du gouvernement polonais dans la rapide dégradation
de l'état de santé des femmes polonaises. De fait, certains examens
médicaux, certains soins ne sont plus pratiqués parce qu'ils sont
assimilés à un avortement ou peuvent mener à un avortement. La
médecine prénatale est en voie de disparition. Les femmes souffrent
de violences, discriminations et humiliations dans les hôpitaux
lorsqu'elles sont soupçonnées de vouloir avorter ou d'avoir essayer
d'avorter . Des expressions telle que " femme enceinte " ou "
avortement" ont disparu du vocabulaire public au profit de concepts
religieux tels que " la vie ", " la mère qui porte l'enfant à naître
"... Cette censure du vocabulaire est particulièrement pernicieuse car
elle éloigne les femmes de toute faculté à exprimer leur véritable
ressenti et à articuler leurs propres intérêts.

Chaque jour apporte son lot d'enfants abandonnés et d'infanticides
terribles, alors que ces phénomènes sociaux étaient marginaux en
1989. L'éducation sexuelle est absente : pas de prévention de sida à
grande échelle, pas de prévention des grossesses précoces et
multiples dans les milieux défavorisés. La pauvreté accompagne le
désespoir, la violence et la dépression.

La famille ultra-conservatrice s'est trouvée renforcée : alors que
peu de femmes polonaises faisaient grand cas de la propagande pour la
restauration du pouvoir du père dans la famille menée par l'Eglise
dans les années 80, on assiste à une réapparition de pratiques
d'oppression disparues en 1945 : mariages précoces, forcés ou
arrangés, dot, fiançailles qui ligotent les personnes dans des
obligations matérielles et morales, versement d'argent pour
l'épouse... L'idéal conservateur de la femme ressurgit en force dans
les médias et dans les esprits. Alors que toutes les femmes en âge de
travailler travaillaient en Pologne en 1989, il est de bon ton
actuellement de choisir une vocation de femme au foyer popularisée par
des sitcoms sirupeux et moralisateurs. Plus une femme est aisée, plus
elle se doit de se couler dans le moule de la mère et de l'épouse. La
popularisation de la pornographie et de la prostitution a favorisé
l'émergence de l'image de la " putain " quasiment disparue sous le
régime communiste. L'image de la prostituée paraît d'ailleurs à de
nombreuses jeunes filles plus enviable que celle de la mère et épouse
soumise. C'est qu'on ne leur montre jamais la réalité terrifiante de
la prostitution et du trafic de femmes. La quasi totalité des femmes
polonaises ignore et veut ignorer les dizaines, les centaines de
milliers de femmes polonaises vendues dans les bordels d'Allemagne, de
Belgique ou d'Espagne. Alors que l'idée de légaliser le
proxénétisme gagne du terrain même chez les féministes, ces femmes
immigrés sombrent dans la nuit de l'oubli et du déni. Mais la
prostitution sont des mots tabous dans la société polonaise actuelle,
de même que le chômage ou l'émigration.
Alors que l'image de la travailleuse, chère au régime communiste, a
disparu, les intellectuelles, surtout féministes, sont assimilées à
des dévergondés occidentales, " un béton que même l'acide
sulfurique ne pourrait dissoudre ", selon les propos fascistes de
l'archevêque Pieronek.

La prise de pouvoir de l'Eglise menace la liberté de conscience. Même
les hommes ne sont pas épargnés par la propagande cléricale. Par
exemple, un " manuel de la confession ", élaboré en 2004 avertissait
que les personnes ayant voté pour des partis " dont les programmes
sont incompatibles avec l'enseignement de l'Eglise " devaient le
confesser. Bel exemple de contrôle de la liberté de conscience que la
confession obligatoire !

L'Eglise continue par ailleurs de s'immiscer dans la vie publique :
elle a tenté, par exemple, de faire limoger en 2004 la délégué
ministérielle à l'égalité, Magdalena Sroda, coupable d'avoir
affirmé dans un journal suédois que le modèle patriarcal de la
famille catholique conduisait aux violences conjugales. L'Eglise exigea
sa démission et les femmes durent se mobiliser par centaines pour
sauver le poste de leur déléguée. L'Eglise réussit à faire
condamner une artiste, Niedzialska, pour " injure aux sentiments
religieux " dans la même année. Madame Niedzialska avait représenté
dans son ouvre un Christ en croix muni d'un phallus...

Les conséquences politiques de la situation en Pologne peuvent avoir
de graves répercussions en Europe. En effet, la gauche post-communiste
ayant systématiquement abdiqué devant l'Eglise depuis 1990 en
refusant d'abroger les lois scélérates contre l'avortement jusqu'à 3
fois (1993, 1995, 2001), l'électorat de gauche a complètement perdu
confiance dans les élections et la démocratie. Cette perte de
confiance est la raison d'une abstention de 60% aux élections de cette
année. C'est avec une minorité de 30% d'une minuscule fraction de
l'électorat que le gouvernement intégriste actuel est arrivé au
pouvoir. A peine trois mois plus tard le durcissement du régime
s'affirme : interdiction de la Marche de la Tolérance à Poznan,
tabassage des manifestants par les milices fascistes et par la police,
projet de taxation des célibataires et des sans enfants, contrôle des
programmes scolaires par l'Eglise.... L'Europe des catholiques
intégristes est en marche. Car il serait illusoire de croire que ce
phénomène n'est qu'un pur avatar de la culture polonaise. Le
gouvernement de Kaczynski n'ayant aucune assise sociale, il peut avoir
besoin de conquêtes pour asseoir sa crédibilité. C'est ainsi que le
" programme de ré-évengélisation de l'Europe " peut devenir son
chemin de prédilection. La fameuse exposition sur les " enfants en
Europe " au Parlement Européen où la propagande négationniste "
avortement égal Shoah " s'affichait ouvertement, n'est certainement
qu'un signe avant-coureur d'une offensive plus vaste contre les droits
des femmes européennes. Nous devons, nous laïques européens, être
prêts et prêtes à nous défendre.

par Monika Karbowska
Ecrit en collaboration avec l'Association Neutrum et l'Association des
Rationalistes Polonais
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Bolet satan
champipi foutrement mécréant!
Bolet satan


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MessageSujet: Re: Froid dans l'dos...   Froid dans l'dos... EmptyVen 30 Déc - 23:23

Et dire que beaucoup encore ne veulent pas imaginer une reconquête du pouvoir temporel par les gourous enjuponnés de la secte vaticanesque...

...lors du référendum en francitude quant à la constitutoche européenne, on pouvait penser qu'on les virait, ces vils corbeaux...fatale erreur !...avec l'entrée de la polonitude dans ce supra-état que l'on nomme pompeusement...communauté...les corvidés peuvent revenir en force avec leurs immuables préceptes imbéciles.
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